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René-Jean-François CLÉMENT
Né à Retier", le 26 février 1756, vicaire à Brielles, saisi a Rennes, le 2 avril 1794. Exécuté en cette ville, le 5 de ce même mois.
(Dossier n" 201 des actes du tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d'Ille-et-Vilaine.)
 
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Fils légitime de maître Louis Clément, sieur de la Noë, notaire et procureur de plusieurs juridictions seigneuriales, et de demoiselle Vincente Courtois,
naquit au bourg de Retiers, le 26 février 1756, et fut baptisé le jour de sa naissance. Ses parents, qui possédaient une petite aisance, ne négligèrent pas de lui faire faire ses humanités et lorsqu'elles furent achevées avec succès, le jeune Clément, qui se sentait attiré vers l'état
ecclésiastique, entra au Grand Séminaire de Rennes. Nous le trouvons recevant '.dans cette ville la tonsure et les ordres mineurs le ai septembre 1776, le sous-diaconat le 4 mars 1778, le diaconat le 19 décembre de cette même année. Enfin il fut fait prêtre à Avranches, en vertu
d'un dimissoire en date du 3 mars 1784. Nommé la même année vicaire à Brielles, il y demeura jusqu'en 1791 et contribua beaucoup à affermir dans le droit chemin son propre recteur. Germain Cordé, qui refusa le serment et mourut pendant la tourmente, caché à Gennes, sa paroisse natale.

Lorsque Le Coz envahit le siège épiscopal de Rennes en 1791, en qualité d'évêque constitutionnel, il publia, écrit Guillotin de Çorson, une lettre, prétendue pastorale, à l'occasion de son installation, et l'adressa à toutes les paroisses du département d'Ille-et-Vilaine. Le maire de Brielles voulut que M. Clément fît la lecture de cette lettre à la messe paroissiale ; celui-ci promit d'en donner connaissance aux paroissiens. Le dimanche suivant, il monta en chaire, et il s'attacha à faire ressortir l'opposition qui se trouvait entre la doctrine du nouvel évêque et celle qu'enseignait le catéchisme du diocèse, ainsi que l'Eglise catholique tout entière, sur la nécessité de demeurer en étroite communauté avec le Saint-Siège. Nous donnerons à la fin de ce volume le résumé de ce discours.

Dénoncé au district de La Guerche par sa municipalité pour avoir tenu des propos, que ces excellentes gens qualifiaient " d'incendiaires ", ainsi que pour avoir traité Le Coz "d'excommunié ", l'abbé Clément fut arrêté et traduit devant le tribunal de ce district, qui, le 18 juin 1791, nous a fait savoir M. Arsène. Leray, le condamna à 3 livres d'amende et lui fit défense de séjourner durant deux ans dans le district de La Guerche, et même de s'en approcher à une distance de moins de quatre lieues. (Cf. Journal des Départements, etc., du 23 juin 1791.)

L'abbé Tresvaux du Fraval prétend même qu'à cette occasion l'abbé Clément dut faire plusieurs mois de prison (1). N'ayant pu nous reporter aux documents originaux, que nous n'avons pas su retrouver, nous nous contentons de signaler cette affirmation. L'auteur précité avance même que M. Clément profita de sa détention pour composer et faire imprimer en secret une brochure, écrite avec talent et dans laquelle l'auteur réfutait les sophismes de l'évêque intrus. Cet opuscule, paru sous le voile de l'anonyme et devenu introuvable aujourd'hui, " mais rédigé dans un style piquant, contribua, dit Tresvaux, à discréditer le schisme et à affermir les catholiques d'Ille-et-Vilaine ".

Banni d'une partie du département, l'abbé Clément se réfugia à Rennes, où sa présence est signalée par les " patriotes " de cette ville, le 15 juin 1792. Dénoncé à cette occasion comme un " perturbateur ", cet ecclésiastique sut échapper à toutes les recherches opérées pour le saisir. Quoique directement atteint par la Loi du 26 août 1792 (2), qui l'obligeait à se déporter, il refusa de s'y soumettre, malgré les pénalités qui le menaçaient en cas de désobéissance et continua de demeurer caché à Rennes, où il se dévoua tout entier au salut de ses compatriotes. "René Clément, écrit Guillotin de Corson, passait les jours et les nuits à entendre les confessions et à procurer les bienfaits de son ministère à tous les fidèles, et particulièrement aux malades." C'est ce qui explique la vénération qu'on lui portait, au témoignage de Mgr Brute de Rémur, et le long souvenir qu'il laissa après lui dans la capitale de la Bretagne. " Le faubourg Saint-Hélier et les campagnes environnantes étaient spécialement le théâtre de son zèle. Un habile déguisement lui permettait de parcourir la ville, et plus d'une fois il fut témoin de l'exécution de ses confrères, c'est là qu'il allait apprendre à bien mourir. "