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" Ce fut l'abbé Clément, écrit M. le comte X. de Bellevue, dans son volume intitulé L'Hôpital Saint-Yves de Rennes, in-8°, Rennes, 1895, p. 89, qui, au péril de sa vie, confessa et communia les religieuses augustines de cette maison pour leurs Pâques en l'an 1794. " Cet auteur ajoute : " On travaille en ce moment à recueillir des mémoires sur ce prêtre pour donner sa vie au public. " Malheureusement cette vie jusqu'ici n'a pas encore vu le jour.
" Les cachettes où l'abbé Clément se réfugiait étaient aussi multipliées que ses déguisements. On cite encore, rapporte l'abbé Guihard, plusieurs maisons de la campagne de Saint-Hélier qui lui servaient d'abri, à lui et à d'autres prêtres, proscrits comme lui et heureux de réchauffer leur âme au foyer de ses lumières et de sa charité. "
Lorsque René Clément fut arrêté, le 2 avril 1794, ainsi que le raconte le procès-verbal que nous publions plus loin, il venait d'administrer un malade et il portait encore sur lui l'huile des infirmes qu'accompagnait une image du Sacré-Cœur de Jésus. Il fut conduit à la prison de la Porte Saint-Michel, qu'on appelait alors la Porte-Marat, et traduit trois jours après devant le Tribunal criminel. En face de ses juges, il confessa hautement sa foi, il déclara n'avoir point prêté le serment à la Constitution, parée qu'il le regardait comme "un acte répugnant à sa conscience". Les autres réponses de M. Clément furent aussi fermes que prudentes et ne fournirent à son interrogateur nul détail pouvant lui permettre d'inquiéter quelque catholique.
Bien que ce bon prêtre se fût contenté, d'après ses dires, d'exhorter les personnes qu'il fréquentait " à la patience ", bien nécessaire en ces temps malheureux, il avait le tort inexcusable d'être prêtre insermenté; aussi, le jour même de son interrogatoire, les juges, " dans l'intérêt républicain " (textuel), le condamnèrent-ils à la peine de mort "comme convaincu d'avoir été sujet à la déportation (en qualité d'insermenté) et d'être resté caché en France, en contravention avec la loi ".
De plus, pour bien montrer l'esprit qui les animait, ces Jacobins forcenés ordonnèrent qu'au pied de l'échafaud sur lequel l'abbé Clément perdrait la vie, on brûlerait le reliquaire orne d'un Sacré-Cœur que ce prêtre portait sur lui lors de son arrestation.
M. Clément fut exécuté sur la Place d'Armes de Rennes, le jour même de sa condamnation, ainsi qu'en fait foi son acte de décès, conservé sur les registres de l'état civil de cette ville pour l'an II : "Le 19 germinal an II (8 avril 1794), par moi, officier public, soussigné, a été reçue la déclaration par écrit de Le Grand, concierge des prisons de la Porte-Marat, qui porte que René Clément, prêtre réfractaire, est mort le 16 germinal courant, sur la place d'Armes de cette ville. "
 
 
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(1) Abbé TBESTAUX, Histoire de la persécution, en Bretagne, II, 19. Guillotin de Coraon, d'après l'abbé Guihard, spécifie même que l'abbé Clément paya 60 francs d'amende et fit trois mois de prison dans la circonstance.
(2) Cf. p. 9, 11 et 13.
(3) Revue de Bretagne et Vendée, année 1860, p. 461.